Cadavre exquis
Commission Psy, Soins et Accueil, à Nuit Debout
[Le texte qui suit n'est pas comme les autres. Il est d'abord une création polyphonique, une dizaine de personnes y ont contribué à tour de rôle anonymement, il n'est pas non plus structuré d'un plan, la seule consigne pour participer à son écriture : "ne lire en aucun cas les phrases précédentes". Un ordinateur en permanence allumé et accessible à tout moment lors d'une soirée de fête chez l'un d'entre nous a servi de support. B.L]
Salut,
Nous. on sait pas trop qui c’est nous, d’abord. Et puis c’est pas grave… Y’a Franck qui essaye de faire des synthèses, et ça énerve pas mal de monde, surtout Mathilde qui trouve que ça avance pas et qu’il faut qu’on écrive vite un texte pour demain. Et moi je me dis que ça serait bien de faire un fanzine collectif, ça serait le fanzine des amis de la commission psy soins et accueil. Le ET est très important, on en a beaucoup discuté aussi…
C’est juste, ce « nous » on en connaît pas la fin, le « je » non plus d’ailleurs mais c’est de là, d'o`u je parle.
Leur monde est pourri, disons leur
Parler en son nom, ça n’empêche pas de se sentir appartenir à un nous…pas homogène, pas consensuel, mais un « nous » qui raconte quelque chose de la rencontre…parce que c’est quand même comme ça que ça commence, par un « espace potentiel » de rencontre…c’est une place, mais ça aurait pu être un autre lieu…l’important c’est que ça nous a permis de nous rencontrer.
Shall …I follow ?
C’est une place, et c’est un lieu, et c’est précisément un lieu sur une place, publique. C’est la psychiatrie qui se parle hors de ses murs. Ses hauts murs de bétons, et ses murs de statuts… Pour la première fois ? On ose la sortir de l’exclusion, confortable non seulement pour la paix sociale, mais aussi pour certains professionnels qui élaborent tranquillement ? Venez ici, que la violence des pratiques vous soit restituée en tant que représentant de l’horreur vécue. Venez, si la psychiatrie, le psychisme, ne peuvent pas se parler dans l’espace public, alors ils n’ont pas de raison d’être.
La commission Psy, soin et accueil c’est un place qui me rendre vivante. J’y trouve la joie de vivre. On est tous ensemble en essayant d’inventer de nouvelles chos
Pour que la parole reste vivante, mettons un peu de dis sans suer
et sus au con-sensus !
+es qu’on n’arrive pas à bien saisir car c’est un espace de liberté psychique envers de nouvelles pensées…
Et pourtant nous sommes toujours là.++
Faire valoir l hétérogénéité et la complexité des positions au sein de cette commission
La privatisation des secteurs du publics.
Mes sœurs et frères humains,
Embarqués dans ce voyage de bon cœur « nous » avons du mal à laisser une trace qui nous survive. Qui survive, j’entends, ce que « nous » sommes pendant un instant. Pourquoi ? Le monde est-il devenu aussi persécutant ? Je crains qu’il le soit devenu. Curieux pourtant ceci. Ce ne peut être une raison. Il faudra avancer. Les idées sont là. Chaque personne en génère tout le temps. Les moments sur la place de la République témoignent de ça. Les volontés sont là aussi. Personnellement je professe une Démocratie fondée sur l’exigence éthique plutôt que sur la règle. C’est un pari risqué…
« P’ti soin, accueil » me convient bien. Il faut pas changer de chemin…
la poésie et la citoyenneté
Depuis deux mois, à Paris, Place de la république, au sein du mouvement « Nuit Debout », une commission a été crée pour qu’y soit représenté les questions politiques du « champ psy » telles qu’elles sont articulables à un ensemble de luttes que fait converger le mouvement « Nuit Debout ». Si ce mouvement s’inscrit dans un projet de transformation sociale qui lutte par-delà la « loi El khomri », contre « son monde », cette commission rappelle que les pratiques psys n’en sont pas indemnes.
Bon, il faut le dire, nous resistons déjà au quotidien -au sein des établissements qui nous exploitent- lorsque nous rencontrons autrui. Nous ne céderons pas sur le désir de rencontrer autrui qui est la base même de notre métier
Le monde de l’hôpital psychiatrique et plus largement celui de l’hôpital public est en même temps que le secteur du « travail » touché par une réforme, la « loi santé-Touraine », visant à instaurer les Groupements Hospitaliers de Territoires. Bof
Nous venons à nuit debout poussé par une passion dont nous ignorons l’énigme.
Char : dites, ce que nous sommes est fait pour jaillir en bouquet ?
Cette loi s’inscrit dans la logique des politiques néolibérales actuelles de réduction des coûts et d’inflation du pouvoir normatif. Elle fait peser une menace sur la spécificité de la psychiatrie, tendant à en faire une spécialité médicale comme les autres et remettant en cause sa politique historique de secteur, par son intégration au sein des hôpitaux généraux. Cette loi s’inscrit dans la logique des recommandations et directives actuelles de l’Haute Autorité de Santé et des Agences Régionales de Santé dont le pouvoir bureaucratique croissant affecte et norme les pratiques psys, les orientant toujours plus vers des pratiques quantifiables et évaluables contraires au sens et à l’objet de la psychiatrie. Contre ce monde néolibéral, cette commission défend une psychiatrie dite « humaniste », faisant de l’accueil et de la rencontre les moteurs et les termes de son soin. Aussi, a-t-elle décidé de se nommer « Psy, soins, accueil ».
Pour défendre ces valeurs et ces pratiques, la commission s’est donnée deux outils principaux : une permanence quotidienne et une Assemblée Générale hebdomadaire.
"La lucidité est la brulure la plus proche du soleil"
La permanence se veut un lieu d’accueil, d’échanges et de rencontres autour des questions contemporaines, politiques et épistémiques, de la psychiatrie
Le monde est parti, il faut que je te te porte, Celan
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Le monde est fou, j’en fais partie.
Je rêve un autre monde, j’en parle ici…
Sommes-nous des spok ? Le qui-sommes-nous vient main dans la main avec un d’où-parlons-nous ? Ce qui fait que nous pouvons dire deux choses : « nous sommes la commission pti soins et accueil » et ce qui nous fait dire aussi :« je suis un.e membre de la commission pti soins et accueil » c’est que d’abord : on sait qu’on en fait partie comme d’une famille (si si… représente !) ou d’un peuple (soyons fou) mais n'est-ce pas aussi pourquoi pas, parce qu'on en fait partie pour autant qu’on s’occupe des conditions pour que la parole soit vivante ?
Informations importantes :
« Bla blabla
Bla blabli
bla blablou », Freud, 1856.